19 juillet 2021 1639 mots, 7 min. de lecture Dernière mise à jour : 21 avril 2023

Entrepreneuriat : 7 différences fondamentales entre hommes et femmes

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Lancer son entreprise est une aventure complexe. L’étude que nous avons menée auprès de 840 entrepreneurs européens montre que des différences fondamentales existent et qui sont liées au sexe. La dynamique de l’entrepreneuriat féminin en est affectée. Femmes et hommes […]

Lancer son entreprise est une aventure complexe. L’étude que nous avons menée auprès de 840 entrepreneurs européens montre que des différences fondamentales existent et qui sont liées au sexe. La dynamique de l’entrepreneuriat féminin en est affectée. Femmes et hommes n’entreprennent pas de la même manière et cela a des conséquences pratiques sur leurs chances de succès.

Dans cet article nous vous révélons les résultats de notre étude et esquissons des solutions pour pallier les différences constatées. Si vous êtes journaliste et désirez réutiliser certains résultats ou obtenir des précisions, n’hésitez pas à nous contacter au +32 2 347 45 86.

Sommaire

Statistiques : les différences entre entrepreneuriat féminin et masculin

  • Les motivations des hommes et des femmes ne sont pas les mêmes pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Les femmes cherchent plus la flexibilité et l’autonomie que les hommes (61,7% contre 54,2%). Leur création d’activité est moins opportuniste puisqu’elles ne sont que 20,1% à déclarer avoir identifié une opportunité sur le marché (contre 32,7% chez les hommes)
  • On ne note pas de différences fondamentales dans l’accompagnement entre hommes et femmes. La majorité des créateurs d’entreprises ne se fait pas accompagner (environ 44%). Le comptable reste le point de référence n°1, et les organisations de soutien à l’entrepreneuriat attirent moins d’1 créateur d’entreprise sur 10.
  • Les hommes et les femmes ne se préparent pas du tout de la même façon au lancement de leur activité. Chez les femmes, l’activité de préparation n°1 est une formation spécifique (43,3% contre 31,8% chez les hommes). Les hommes recherchent en priorité des clients potentiels (45,8%) et rédigent un business plan (42,5% contre 34,6% chez les femmes).
  • L’étude de marché est réalisée par environ 1/3 des hommes et 1/4 des femmes.
    les femmes créatrices d’entreprise sont nettement moins expérimentées que leurs homologues masculins : 37,5% ont moins de 3 ans d’expérience contre 25,7% des hommes.
  • 82,5% des femmes entreprennent seules (contre 69,8% des hommes)
  • Les hommes considèrent qu’ils ont plus la fibre entrepreneuriale que les femmes (84,7% des hommes contre 72% des femmes)
  • Les hommes ont largement plus confiance que les femmes dans l’avenir (48,2% des femmes contre 64,7% des hommes)
  • Les hommes sont nettement plus confiants dans la réussite de leur entreprise que les femmes : 72,4% contre 65,3%
  • Il y a largement plus de femmes au chômage que d’hommes parmi les créateurs d’entreprise : 25,9% contre 16,9%
  • Les femmes sont 3x moins nombreuses que les hommes à avoir déjà tenté l’aventure de la création d’entreprise : seulement 5,3% des femmes avaient déjà créé une entreprise contre 18,4% des hommes

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Analyse

L’étude révèle des différences importantes en matière d’entrepreneuriat féminin et masculin. S’il était prévisible que les motivations pour lancer son entreprise différent entre hommes et femmes, ce que notre étude révèle c’est que les différences sont plus profondes.  Elles affectent aussi bien le cadre de l’activité entrepreneuriale que la personnalité.

Ces facteurs s’additionnent et peuvent être vus, au final, comme des freins à l’entrepreneuriat féminin.

A côté du déficit de confiance des femmes par rapport aux hommes, l’entrepreneuriat féminin montre des caractéristiques qui sont susceptibles d’entamer les chances de succès des entreprises créées :

  • Les femmes entreprennent plus en solo et s’associent moins que les hommes
  • Seule 1 femme sur 20 dispose d’une première expérience entrepreneuriale (contre 1 homme sur 5)
  • Les femmes disposent de moins d’expérience professionnelle lorsqu’elles lancent leur entreprise

Le trajet entrepreneurial est pavé de difficulté. La résilience est souvent citée comme une qualité indispensable à la réussite et, plus prosaïquement, à la survie de l’entreprise. Savoir s’entourer est donc indispensable afin de traverser les difficultés de l’entrepreneuriat et d’éviter les abandons parmi les solo-entrepreneurs.

Nous pensons qu’un travail de fond doit donc être mené pour sensibiliser les femmes à l’importance de s’entourer. Le recours aux conseils externes devrait être rendu plus accessible, ainsi que la recherche d’un associé.

Ceci permettrait de réunir plus de compétences autour du projet et d’en détecter les faiblesses et les forces en amont (notamment via les études de marché et le business plan auxquelles les femmes recourent moins que les hommes).

1. Hommes et femmes n’ont pas les mêmes motivations pour devenir entrepreneurs

Le premier enseignement de cette étude est que les motivations pour lancer une entreprise dépendent du sexe du créateur d’entreprise. Deux différences majeures sont visibles :

  • La 1ère motivation des femmes est la recherche d’autonomie et de flexibilité. Cette motivation est quasiment 3 fois supérieure à celles qui sont en 2ème et 3ème position.
  • Les femmes sont moins motivées que les hommes par l’identification d’une opportunité sur le marché. On note un différentiel de plus de 12 points entre hommes et femmes

2. L’accompagnement : une faiblesse structurelle quel que soit le sexe

statistiques accompagnement dans la création d'une entrepriseLe défaut d’accompagnement concerne les deux sexes. La majorité des hommes et femmes ne se font en pas accompagner dans la création de leur entreprise.

En ce qui concerne l’entrepreneuriat féminin, on lit en filigrane dans le tableau ci-dessous que l’accompagnement est encore plus faible. Les femmes font encore moins appel au comptable (34,9% contre 38,7% chez les hommes) ainsi qu’aux consultants externes (14,5% contre 19,2% chez les hommes).

Sans doute ce défaut d’accompagnement se retrouve-t-il déjà dans les chiffres des activités effectuées avant le lancement (voir paragraphe suivant).


3. Les femmes se forment plus que les hommes

activités réalisées par les entrepreneurs avant le lancement de leur activitéAvant de lancer son entreprise, c’est bien connu, il faut se préparer. Ce que notre étude révèle c’est que les hommes et les femmes qui entreprennent ne se préparent pas de la même manière.  Alors que les hommes cherchent en priorité des clients potentiels, les femmes, elles, se forment : 43,3% suivent une formation spécifique à leur futur secteur d’activité, 21,2% une formation en management. A titre de comparaison, seuls 31,9% des hommes suivent une formation spécifique.

Tous les autres types de préparation sont plus pratiqués par les hommes que par les femmes : rédaction d’un business plan, étude de marché (analyse des besoins, analyse de la stratégie, segmentation de marché), recherche de financement public, recherche d’associé.

Comment interpréter ces chiffres ?

Objectivement le niveau d’éducation des femmes dans notre échantillon est quasiment le même que celui des hommes. On peut même dire que les femmes de notre échantillon sont plus diplômées puisque 71,2% d’entre elles ont un diplôme universitaire, contre 68,2% des hommes.

La réponse à cette question est complexe et tient d’après nous en une combinaison de facteurs que nous explicitons ci-dessous.


4. Les femmes se sentent moins confiantes que les hommes

C’est une autre surprise de cette étude. Les femmes sont nettement moins confiantes que les hommes.

Est-ce le syndrome de l’imposteur ou une tendance naturelle à la prudence ? Le fait est que les femmes sont plus réservées que les hommes lorsqu’on les interroge sur leurs chances de réussite. Les hommes sont 72,4% à avoir confiance ou très confiance dans leur réussite ; les femmes 65,3%.

confiance dans la réussite de l'entreprise sondage

Le constat est le même lorsqu’on demande aux femmes leur confiance dans l’avenir. Les hommes sont 64,7% à être très confiant ou confiant dans l’avenir, contre 48,2% des femmes.

sondage confiance des entrepreneurs dans l'avenir

Ce manque de confiance explique peut-être le besoin de se former plus.


5. Les femmes qui créent leur activité sont en moyenne moins expérimentées que les hommes

L’expérience professionnelle est l’autre facteur explicatif que nous avançons. Comme le montre clairement le graphique ci-dessous, les femmes qui lancent leur business disposent de moins d’expérience professionnelle que leurs homologues masculins : 34,1% des femmes a plus de 10 ans d’expérience contre 47,1% des hommes.

nombre d'années d'expérience au moment de créer l'entreprise

On note également que la part des femmes disposant de moins de 3 ans d’expérience professionnelle est près de 12 points supérieure à celle des hommes (37,5% contre 25,7%).

Objectivement, les femmes disposent également de moins d’expérience de l’entrepreneuriat. Elles sont près de 95% à créer une entreprise pour la première fois contre 81,6% chez les hommes.

pourcentage de primo enttrepreneurs hommes femmes

Ce déficit d’expérience pourrait être un premier facteur expliquant le besoin des femmes de se former davantage.


6. Les femmes entrepreneures ne peuvent compter que sur elles

Les femmes entreprennent plus en solo que les hommes : 82,5% des femmes entreprennent seules (contre 69,8% des hommes) et elles sont quasiment deux fois moins nombreuses à avoir un associé que les hommes (12,4% contre 22,9%). Ne pouvant compter que sur elles-mêmes, elles ressentent peut-être plus le besoin de formations ad hoc.

sttaistiques nombre d'associés dans les entreprises


7. Elles se sentent moins « entrepreneures » que les hommes

Une dernière explication possible tient à la perception que les femmes ont de leur « fibre entrepreneuriale ». Lorsque nous les interrogeons sur ce point, les femmes entrepreneures perçoivent moins leur fibre entrepreneuriale que les hommes. Ceci est à tout le moins paradoxal car au final toutes les personnes sondées avaient lancé leur entreprise.

statistique fibre entrepreneuriale créateurs entreprises

Pourquoi les femmes devraient-elles dès lors douter de leurs capacités ?


Méthodologie

Enquête en ligne réalisée entre le 2 avril 2021 et le 24 juin 2021 auprès de 840 créateurs d’entreprises en Europe.

Enquête réalisée en partenariat avec IFJ (Suisse), Formalizi (France), UCM (Belgique) et Hub.Brussels (Belgique).

358 femmes et 482 hommes ont répondu au sondage, soit une répartition 42,6% / 57,4%
29% des répondantes avaient créé leur entreprise avant le covid, et 71% après.
33,2% des répondants avaient créé leur entreprise avant le covid, 66,8% après.



Publié dans Entrepreneuriat, Recherche.

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