16 septembre 2022 1404 mots, 6 min. de lecture

Pourquoi et comment devenir digital nomad ?

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Devenir Digital Nomad a été une des grandes aspirations des travailleurs confinés lors du Covid. Rares sont ceux qui ont toutefois eu le courage de franchir le pas. Le nomadisme numérique suppose en effet un renoncement à un ancrage géographique […]

Devenir Digital Nomad a été une des grandes aspirations des travailleurs confinés lors du Covid. Rares sont ceux qui ont toutefois eu le courage de franchir le pas. Le nomadisme numérique suppose en effet un renoncement à un ancrage géographique et une réorganisation de sa vie personnelle et professionnelle. Dans cet article nous partageons le témoignage et l’expérience d’un vrai digital nomad. Olivier Caeymaex a passé le pas et vit désormais dans un habitat mobile. Pour nous il revient sur les aspects pratiques de sa nouvelle vie et partage ses conseils pour que vous puissiez également devenir digital nomad si vous le souhaitez.

Olivier Caeymaex est devenu digital nomad après le Covid. Consultant IT, il vit désormais dans un habitat mobile et se déplace au gré de ses envies.


Sommaire


Pourquoi devenir digital nomad ?

Il y avait bien quelques idées, et aussi des envies, qui m’ont amené à devenir digital nomad. D’abord les envies. Être sur la route m’a toujours plu. Depuis 4-5 ans, j’avais pris l’habitude de prendre régulièrement quelques jours seul, d’aller en montagne, de faire une retraite ou un stage. J’en parlais alors comme de moments de solitude, même si, dans les faits, je n’étais jamais vraiment seul. C’était plutôt des moments de déconnexion, et ils sont progressivement devenus indispensables pour moi. Chaque fois que je me mettais en route pour un tel moment, j’étais envahi par une sorte de griserie, comme une hypersensibilité, une connexion à la beauté peut-être ? Tout me touchait : les rencontres, les paysages, les sons…

La complexité de l’aménagement et la nécessité de planifier les choses en amont sont inversement proportionnelles à la taille du véhicule.

A l’époque, j’avais aménagé un vieux Pajero pour pouvoir être plus ou moins autonome en montagne. Et puis il y a aussi le mental qui carbure et qui essaie de s’y retrouver dans cette ambiance de fin de règne, de donner du sens à cette absurdité dans laquelle nous baignons. Être sur la route, d’une certaine façon, c’est échapper à toute cette folie, ne serait-ce que de manière symbolique.

La vie de digital nomad d’Olivier Caeymaex se déroule désormais dans cet habitat mobile


Le Covid, déclencheur de la vie de digital nomad

Le covid a été le déclencheur de ma conversion au nomadisme numérique. A côté des discussions qui ont accaparé les médias (notamment sociaux), il y avait un foisonnement d’initiatives microscopiques. Un écolieu par ci, un truc en transition par là. C’est là que j’ai vraiment compris ce qu’était une “bulle”. Ce déclic m’a ouvert la voie pour un basculement vers une vie de digital nomad.


Nomadisme numérique : quel impact sur la vie professionnelle ?

Ma vie professionnelle a beaucoup changé. Avant la pandémie, je faisais 25.000 kilomètres par an, et je passais mes journées à aller d’un client à l’autre. Et puis presque du jour au lendemain, mon activité de consultant digital et de coach agile s’est faite en ligne. Ce qui semblait inimaginable est devenu la norme en quelques mois. Donc oui, tout a changé, mais pas parce que je suis devenu digital nomad. C’est plutôt l’inverse.


Comment réagissent les proches à la transition vers le nomadisme numérique ?

Pour mes proches, il était assez clair que je tendais à devenir digital nomad. Le Pajero, mes vadrouilles régulières, c’était dans l’air et tout le monde à la maison avait un mode de vie assez indépendant.


Quelle est la réaction des clients quand ils traitent avec un digital nomad ?

Sur le plan professionnel, j’ai eu pendant longtemps une vraie difficulté à en parler. Les digital nomads avaient beau être à la mode, ce n’était pas facile pour autant. Un consultant qui vit dans un camion, je craignais que ça ne me grille “sur le marché”.

Des réactions positives au projet

Ce n’est que début 2022 que j’ai commencé à être transparent là-dessus, à partager mes intentions de manière explicite et à communiquer sur le chantier d’aménagement du camion. Et ce fut un peu une surprise. J’en parlais avec enthousiasme, et mes interlocuteurs réagissaient également avec enthousiasme.

Digital nomad = marginal ?

Ça m’a beaucoup aidé à faire la paix avec la peur d’une certaine forme de marginalité. J’avais peur d’être marginal, ou marginalisé, ou fragilisé.

Peu à peu j’ai eu cette impression un peu grisante de contribuer à inspirer les gens. Faire des choix radicaux est source d’inspiration pour ceux qui n’osent pas franchir (je n’ai pas mis ma vie en danger, mais c’est quand même un peu vertigineux comme démarche) et être alignés là-dedans. A partir de là, inspirer, inspirer, inspirer. C’est plus ou moins la seule chose que l’on puisse faire non ? En plus de trier ses déchets…

Le camion acheté sur Facebook au début de sa transformation pour une vie de digital nomad


Aspects pratiques : passer de l’idée à la réalisation en 7 mois

J’ai acheté mon camion sur Facebook. Cette configuration est vraiment idéale. Pas de permis poids lourds, et pourtant il pèse 7 tonnes. Donc il y a de l’espace et du confort. Comme je ne compte pas faire des centaines de milliers de kilomètres, c’est parfait. Le camion a été acheté en décembre 2021. J’ai commencé sérieusement à l’aménager en mars de cette année, et en juillet il était prêt à partir. Et moi aussi !

Aménagement du camion. Le nomadisme numérique, ça se mérite !


Comment as-tu créé ton espace nomadique numérique ?

Je l’ai fait à l’instinct, franchement. Pas de plan, beaucoup de matériaux de récup’, quelques vieux meubles, une vieille gazinière… Je m’approvisionnais au coup de cœur. J’ai quand même dû revendre quelques éléments que j’avais achetés un peu vite.

Ceci étant dit, la complexité de l’aménagement et la nécessité de planifier les choses en amont sont inversement proportionnelles à la taille du véhicule. Plus c’est petit, moins il y a de place pour l’improvisation. Dans mon camion, ça va, j’ai de la place, je ne dois pas forcément penser stratégiquement le moindre centimètre cube.


Digital nomad depuis 2 mois : un premier bilan

Pour le moment, j’ai surtout deux ressentis. L’un est une sorte d’exaltation qui me connecte à ce que je croise sur mon chemin : les gens, les expériences, les paysages, les lieux où je me pose. Je ne sais pas si ça durera, mais pour le moment, je suis dans cette joie-là.

Et puis il y a l’autre ressenti : une sorte de vertige, de sentiment de perdition, presque de folie. La solitude, la distance par rapport à mes filles, le lien avec ma chérie (elle aussi bien branchée sur l’habitat léger) quand nous sommes à distance, inventer la façon dont nous nous retrouvons. Pas toujours facile, non pas parce que c’est difficile en soi, plutôt parce que c’est comme un territoire à explorer.

Je laisse infuser ces deux ressentis. S’il y a bien quelque chose que j’ai appris ces 2-3 dernières années, c’est que ça ne sert absolument à rien de faire des plans ! Donc je savoure, comme si tout cela venait tout seul à moi, et j’essaie simplement de sentir où est mon alignement personnel là-dedans.



Publié dans Entrepreneuriat.

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