27 novembre 2017 955 mots, 4 min. de lecture Dernière mise à jour : 10 novembre 2023

Étude de marché : 190000 personnes sondées sur leur futur connecté

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
La fondation Mozilla vient de publier les résultats d’une étude de marché mondiale ayant pour thème la digitalisation de la vie de tous les jours. Le sondage s’intitulait « A quel point êtes-vous connecté? » et a rassemblé des réponses de presque […]

La fondation Mozilla vient de publier les résultats d’une étude de marché mondiale ayant pour thème la digitalisation de la vie de tous les jours. Le sondage s’intitulait « A quel point êtes-vous connecté? » et a rassemblé des réponses de presque tous les pays du monde, pas loin de 190000 pour être exact. Dans le billet d’aujourd’hui, j’ai choisi de me concentrer sur certains aspects particuliers de ce sondage qui prolongent les articles que j’ai publiés au cours des dernières semaines sur le GDPR, la gouvernance algorithmique et autres joyeusetés qui relèvent de la sphère de la protection de la vie privée.

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Les attentes des utilisateurs pour leur future vie connectée : pas si rose que cela

Il est clair que nous sommes plus connectés que jamais : smartphones et appareils connectés ont changé nos vies. Comment les gens réagissent-ils à cette digitalisation croissante de leur vie ? Voilà une question qui méritait d’être posée dans le cadre d’une étude de marché. Les résultats de l’enquête Mozilla montrent clairement de grandes différences entre pays.
Dans les graphiques ci-dessous, seuls les 10 pays les plus représentés sans les réponses sont présentés (Brésil, Canada, France, Allemagne, Inde, Italie, Mexique, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis). Pour chaque graphique, j’ai mis en évidence quelques résultats particuliers et ai indiqué les pays correspondants.

Qu’attendons-nous de l’avenir ? La technologie aura-t-elle un impact positif sur nos vies ?

Il semble qu’à la lecture de ces questions les Brésiliens et les Indiens soient les plus enthousiastes. Pour eux la digitalisation représente probablement un levier et l’espoir d’une vie meilleure. Mais pour les pays plus industrialisés et de l’ancien monde (comme l’Allemagne et la France) par exemple, la numérisation apporte son lot d’appréhensions.
En y regardant de plus près j’ai l’impression que les répondants ont en général quelques inquiétudes et que seule une minorité est enthousiaste à 100%.

Que craindre d’un avenir plus connecté ?

Il n’est pas surprenant de constater que la crainte numéro 1 exprimée par les répondants concerne le respect de leur vie privée. Les Italiens semblent toutefois de ne pas craindre autant craindre pour cette dernière que la parte de liens avec leurs prochains (voir le score de l’Italie à la réponse « nous allons perdre le contact les uns avec les autres »).
Dans l’ensemble on observe que les utilisateurs sont préoccupés par leur avenir digital et que seule une petite minorité (10 %) est parfaitement sereine.
Pourtant, les pratiques digitales actuelles ne s’accompagnent-t-elles pas déjà d’intrusions multiples dans nos sphères privée? Je pense que la plupart des gens n’est tout simplement pas consciente de la quantité de données essaimée à chaque utilisation d’un smartphone ou d’un appareil connecté, ni de la quantité de données déjà en possession des firmes à l’origine des appareils et logiciels qu’ils utilisent.

Dans le prolongement de la question précédente, qui met en lumière la crainte d’une perte de vie privée, la question numéro 6 porte sur les responsabilités en matière de protection de la vie privée. La France et l’Italie sont les deux pays qui ont le plus d’attentes envers les gouvernements.
Il est intéressant de noter que les deux réponses les plus souvent données (entre 30 % et 40 % chacune) indiquent que la protection de la vie privée est surtout considérée comme une responsabilité des entreprises (réponse 1) et comme une responsabilité des utilisateurs eux-mêmes (réponse 2). Comme on pouvait s’ y attendre, les utilisateurs américains, qui sont plus individualistes (voir Hofstede et Hofstede) sont ceux qui en majorité considèrent que la protection de la vie privée est d’abord une responsabilité personnelle (environ 42 %).

En conclusion

Les résultats de l’étude de marché réalisée par la fondation Mozilla sur notre « avenir connecté » montrent que la plupart des personnes interrogées restent divisées sur les opportunités offertes par un monde encore plus connecté.
Cela se reflète dans leurs préoccupations au sujet du respect de la vie privée, une préoccupation qui, selon la plupart des gens, devrait être prise en compte par les fabricants d’objets connectés ou par les utilisateurs eux-mêmes.
Il est rassurant de constater que tant de personnes interrogées prennent le respect de leur vie privée au sérieux et se disent prêtes à en assumer la responsabilité. Mais je me demande si ce n’est pas au mieux qu’un vœu pieu, au pire une utopie. Nous avons tout, déjà, la possibilité de protéger notre vie privée et pourtant très peu le font. L’Homme est faible diront certains. C’est sans doute vrai. Nous cédons à la facilité pour accéder plus vite aux contenus qui nous intéressent. Mais il faut bien avouer que la plupart des utilisateurs ne comprennent pas de quoi il retourne et ne sont pas conscients de la quantité de traces numériques qu’ils laissent derrière eux lorsqu’ils utilisent les services des GAFA (entre autres). De plus il faut bien avouer que la plupart des entreprises n’est pas très désireuse de sensibiliser ses utilisateurs aux pratiques de collecte de données. Ce serait se tirer une balle dans le pied.
Quelle est donc la solution? Je suis convaincu que la solution passera par l’éducation et la promotion du raisonnement critique. A ce propos et en guise de conclusion je vous invite à lire cette thèse que j’ai développée dans un autre article.

Image : shutterstock



Publié dans Marketing.

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