23 octobre 2020 1040 mots, 5 min. de lecture

Etude de marché : les trottinettes électriques partagées

Par Lorène Fauvelle Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Les trottinettes électriques partagées sont présentes dans de nombreuses villes et ont peu à peu pris leur place sur le marché des moyens de transport partagés. Alors que le vélo partagé est une option de mobilité bien connue et présente […]

Les trottinettes électriques partagées sont présentes dans de nombreuses villes et ont peu à peu pris leur place sur le marché des moyens de transport partagés.

Alors que le vélo partagé est une option de mobilité bien connue et présente dans de nombreuses métropoles, les trottinettes électriques partagées se sont imposées comme des incontournables de la mobilité citadine depuis environ 2 ans.

Sommaire

Les statistiques du marché

  • Lime a levé 765 millions de dollars
  • Bird a levé 415 millions de dollars
  • Un total de financements d’1,5 milliard de dollars
  • Distances parcourues < 10 km (entre 0,5 km et 4 km)
  • Durée de vie d’une trottinette : 3 mois
  • Les trottinettes électriques partagées sont interdites à New York et Chicago
  • Critères d’éligibilité dans de nombreuses villes (Paris, Bruxelles, San Francisco…)
  • 11 fournisseurs de ce service dans la capitale française
  • 76% de croissance du marché de la trottinette électrique entre 2018 et 2019

Aperçu du marché des trottinettes électriques partagées

Avant la crise du covid-19, Boston Consulting Group estimait dans une étude que le marché mondial pourrait atteindre 40 à 50 milliards de dollars d’ici 2025. Le marché européen avoisinerait quant à lui les 12 à 15 milliards de dollars.

Estimation (émises en 2019 soit avant le covid-19) de la taille du marché des trottinettes électriques en libre-service dans le monde en 2025 (source : Statista). Entre 12 et 15 milliards de dollars en Europe, même chose au Etats-Unis, entre 6 et 8 milliards de dollars en Chine et entre 10 et 12 milliards de dollars dans le reste du monde.

Publiée en mai 2019 : estimation de la taille du marché des trottinettes électriques en libre-service dans le monde en 2025 (Statista).

Début 2020, à Bruxelles, les trottinettes électriques partagées des marques Dott et Lime disposaient chacune d’une flotte d’environ 2.000 trottinettes alors qu’à Paris, plus de 11 opérateurs proposent leur offre.

Les tarifs de la trottinette partagée gravitent généralement autour de 2 euros avec un forfait à l’activation (généralement 1 euro) et un forfait à la minute (quelques centimes).


Concurrence et rentabilité du service

D’après plusieurs études, le marché serait trop concurrentiel et pas assez rentable.

Rentabilité des trottinettes électriques partagées

La durée de vie d’une trottinette est estimée à 3 mois. Les principales raisons sont liées à la fragilité de ces moyens de transport et aux vandalismes récurrents auxquels les constructeurs doivent faire face.

Les coûts liés à l’offre de trottinettes électriques partagées

Il faut compter la maintenance, la collecte, la recharge des batteries, la répartition des flottes. A ce jour, le retour sur investissement arrive au bout de 4 mois tandis que les modèles ont une durée de vie de 3 mois. Les experts estiment que les trottinettes électriques partagées devraient être sur le marché pendant au moins 6 mois.

Plusieurs idées d’améliorations ont été pensées afin d’augmenter cette rentabilité telles que des batteries interchangeables, des capacités augmentées et des moteurs plus résistants. Nous n’avons aujourd’hui pas encore le recul nécessaire pour affirmer l’impact de ces changements.

Avantages et inconvénients de ce moyen de transport

Les avantages des trottinettes électriques partagées Les inconvénients des trottinettes électriques partagées
  • Difficile à manier sur les pentes raides
  • Chargement lourd et encombrant
  • Dépendant de la météo
  • Sujet au vol et au vandalisme
  • Bon marché pour les utilisateurs
  • Stationnement libre
  • Sans effort
  • Complémentaire aux transports en commun

Un marché très concurrentiel

Nombreuses sont les start-ups qui se sont lancées dans la mise en circulation de trottinettes électriques partagées. Uber a également investi dans le marché du transport électrifié et partagé avec Jump ainsi que dans Lime. Les acteurs du marché devront trouver de quoi se différencier de leurs concurrents : couverture géographique, prix, service, etc.


Les réglementations du marché

Alors que les voitures et vélos disposent de voies et d’emplacements définis et réglementés (selon les villes et les usages), ce n’est pas le cas des trottinettes partagées. Stationnement dans des lieux inadéquats, circulation farfelue voire comportements à risque sont observés régulièrement, si ce n’est pas quotidiennement.

Depuis 2018, Paris impose plusieurs mesures pour encadrer le marché :

  1. Verbalisation des abus : 135 euros d’amende pour la circulation sur les trottoirs, 35 euros d’amende pour les stationnements abusifs et gênants.
  2. Délimitation du stationnement par la création de zones spécifiques.
  3. Responsabilisation des opérateurs avec la signature d’une charte des bonnes pratiques.
  4. Régulation de la flotte parisienne via une redevance pour les opérateurs (montant variant de 50 à 65 euros par trottinette en fonction du nombre total en circulation).

En Belgique, depuis début 2019, les acteurs du marché doivent demander une autorisation pour espérer pouvoir mettre leur trottinette à disposition des utilisateurs bruxellois. L’opérateur doit pouvoir implanter au minimum 50 trottinettes sur le réseau et assurer la compatibilité entre son plan d’exploitation et celui de la ville de Bruxelles.

Les critères pris en compte dans le plan d’exploitation des trottinettes partagées à Bruxelles :

  • Conditions techniques du véhicule
  • Conditions d’utilisation par les particuliers
  • Recyclage des véhicules usés

Les trottinettes partagées depuis l’éclatement de crise sanitaire

A Paris, plus de 6 fournisseurs de trottinettes partagées. Pendant le confinement, seul Dott continue à assurer le service dans la capitale française, avec toutefois une flotte divisée par deux.

De nombreux opérateurs ont offert leurs services gratuitement au personnel soignant et autres métiers indispensables pendant cette période, à Bruxelles comme dans plusieurs métropoles européennes et mondiales.

Quelques chiffres

  • 85% de baisse d’activité du marché depuis le début du confinement (mars 2020)
  • 1/3 du personnel licencié chez Bird, 14% chez Lime
  • Plus de 80% de baisse d’activité chez Velib (vélos partagés à Paris)
  • Activités réduites voire suspendues pour de nombreux fournisseurs de moyens de transport partagés (Lime, Jump, et bien d’autres)
  • Paris suspend la redevance due par les opérateurs
  • Report de certains projets de mobilité comme le vélo électrique partagé

Le pendant post-confinement est la volonté présumée pour les utilisateurs d’éviter les transports en commun. Reste encore à comprendre dans quelle mesure les utilisateurs seront enclins à utiliser ces moyens de transport partagés. Les acteurs du marché ont annoncé des nettoyages plus fréquents pour éviter la propagation du virus et rassurer leurs utilisateurs.

Images d’illustration : Shutterstock



Publié dans Marketing.

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