12 juin 2019 839 mots, 4 min. de lecture Dernière mise à jour : 4 mai 2020

Evolution de la consommation d’alcool et marché de la désalcoolisation

Par Lorène Fauvelle Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
L’évolution de la consommation d’alcool en Europe entraîne de nombreux acteurs de l’industrie à repenser leur offre. Nous revenons notamment dans cet article sur l’initiative lancée par Philippe Stassen et les frères Meurens qui s’associent pour proposer une nouvelle offre […]

L’évolution de la consommation d’alcool en Europe entraîne de nombreux acteurs de l’industrie à repenser leur offre. Nous revenons notamment dans cet article sur l’initiative lancée par Philippe Stassen et les frères Meurens qui s’associent pour proposer une nouvelle offre de désalcoolisation dans la région de Charleroi.

Consommation d’alcool en Europe

En France, la consommation d’alcool est à la baisse depuis près de 80 ans. Alors qu’un Français consommait en moyenne près de 26 litres d’alcool par an en 1960, la moyenne s’élève à 11,5 litres en 2014. En 2011, 15% des Français déclaraient consommer de l’alcool au quotidien, contre 8% en 2016. Les Français ne sont d’ailleurs pas les seuls puisque la consommation d’alcool est en baisse dans toute l’Europe de l’Ouest depuis les années 2000.

carte de la consommation moyenne d'alcool en Europe en 2016

En contrepartie, la consommation de bière désalcoolisée est en pleine croissance depuis quelques années (+5% entre 2015 et 2016).
Face à cette évolution des comportements des consommateurs, l’industrie des boissons alcoolisées doit s’adapter et trouver des solutions pour garder ses parts de marchés. Ainsi, nombreuses sont les brasseries de renommée internationale qui proposent dans leur offre des variantes sans alcool.

Afin d’assurer la survie d’une marque sur un marché tendant à la baisse, les brasseurs investissent dans des unités de désalcoolisation de leurs boissons.

En Belgique, trois acteurs du secteur ont monté une usine de désalcoolisation et attiré les brasseurs n’ayant pas la capacité financière pour investir dans leur propre unité de désalcoolisation. Depuis une dizaine d’années les microbrasseries se sont par exemple fortement développées ce qui alimente la demande pour ce type de services fournis par des tierces parties.

Création d’une usine de désalcoolisation indépendante à Charleroi

Les frères Meurens et Philippe Stassen suivent la tendance du sans alcool en créant MIS, une société dont l’usine est basée à Courcelles dans la banlieue de Charleroi et spécialisée dans la désalcoolisation de boissons telles que bières, vins et spiritueux…

Après avoir racheté l’usine de Courcelles avec leurs partenaires, les frères Meurens ont créé la société AB Solutions, qui s’occupe de la mise en bouteille de vin que De Brotoli – groupe de vins australien – importe sur le marché européen. De cette société, ils possèdent 40% et leurs associés – De Bortoli, le responsable Europe et leur distributeur suédois – possèdent chacun 20% de la société. AB Solutions s’occupe d’embouteiller environ 3 millions de bouteilles par an depuis 2016.

chaîne d'embouteillage de bière

Philippe Stassen a de son côté créé Neobulles S.A. après le rachat de Kidibul, Vintense et Vivaro au groupe Heineken et est donc propriétaire de ces trois marques.

Ensemble, et avec un investissement à hauteur de 7 millions d’euros, les deux parties ont créé la société MIS en 2018. Ainsi, ils ont développé une unité de désalcoolisation de vins et de bières dans l’usine de Courcelles. Cette nouvelle activité a pour ambition de suivre la croissance du marché des boissons désalcoolisées en proposant aux brasseurs, qui n’auraient pas la possibilité ou la volonté de faire l’investissement colossal nécessaire, de pouvoir ajouter des produits sans alcool à leur offre.

Les frères Meurens possèdent 52% de la société MIS, Philippe Stassen en possède 48% et les investissements continuent à évoluer. La société a engagé un œnologue et trois maîtres brasseurs sont sur le site. Ces derniers disposent d’un laboratoire pour leur permettre de procéder à leurs tests.

La désalcoolisation : comment ça marche ?

Il faut distiller la boisson sous vide et à basse température (25 à 30 degrés) puis la mettre en bouteille rapidement afin de ne pas altérer le produit fini.

Une forme d’organisation verticale

Cet exemple entrepreneurial résulte de l’association de deux savoir-faire : la commercialisation de boissons (Philippe Stassen) et l’industrie de la mise en bouteille et de la transformation (Olivier et Patrick Meurens).

Ensemble, ils couvrent la production de boissons РPhilippe Stassen avec Neobulles -, la d̩salcoolisation РPhilippe Stassen et les fr̬res Meurens avec MIS Рet la mise en bouteille Рles fr̬res Meurens avec AB Solutions.

Avec une capacité de désalcoolisation de 30 hectolitres à l’heure, le premier client de MIS sera bien entendu Neobulles, avec de fortes perspectives de collaboration avec De Bortoli. Toutefois, nous rappelons que les cibles principales sont les brasseurs n’ayant pas la possibilité de faire l’investissement pour de telles installations. Opérationnels depuis l’automne 2018, l’usine et son équipement de désalcoolisation devraient tourner à un bon régime d’ici la fin d’année 2019.

Crédits photos: Shutterstock



Publié dans Entrepreneuriat.

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