18 septembre 2020 1225 mots, 5 min. de lecture

[Podcast] Trafic de drogue à Anvers : une étude anthropologique de Teun Voeten

Par Lorène Fauvelle Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
 Teun Voeten relate dans ce podcast comment il allie science et journalisme pour en tirer des études sociologiques et anthropologiques uniques. Titulaire d’un doctorat en anthropologie culturelle de l’Université de Leiden, le Dr. Teun Voeten a passé 30 ans […]

Teun Voeten relate dans ce podcast comment il allie science et journalisme pour en tirer des études sociologiques et anthropologiques uniques. Titulaire d’un doctorat en anthropologie culturelle de l’Université de Leiden, le Dr. Teun Voeten a passé 30 ans de sa vie à parcourir le globe et à traiter des guerres et des conflits mondiaux.

Sommaire

A retenir sur le parcours de Teun Voeten

  1. Il a écrit un livre sur les SDF vivant dans les souterrains de New York
  2. Il a écrit sur la guerre civile en Sierra Leone
  3. Il a créé un livre photo sur la guerre de la drogue au Mexique
  4. En 2019, il a utilisé une approche anthropologique pour étudier les crimes et délits liés à la drogue dans la ville d’Anvers (Belgique)

Chapitre 1 : Teun Voeten, chercheur, anthropologiste, journaliste, photographe

Teun Voeten explique que ses différentes casquettes (celle de journaliste, de photographe, de chercheur, d’anthropologiste) jouent un rôle prédominant dans sa manière d’approcher les différentes thématiques qu’il développe par la suite.

En tant que photographe, on cherche une atmosphère, des sentiments, des émotions ; en tant que scientifique, on essaye de penser de façon très rationnelle, d’analyser. Je pense que l’oscillation entre ces deux façons de voir les choses est unique

Un bel exemple est donné par son sujet thèse. Son travail sur la violence et la guerre de la drogue au Mexique l’ont aidé à nourrir ses réflexions au sujet du cas d’Anvers. La combinaison de ses différentes expériences offre de nombreux points de comparaison qui permettent de formuler des hypothèses nouvelles.

Être photographe de guerre c’est aussi être anthropologue de terrain



genèse de l'idée entrepreneuriale

Chapitre 2 : l’étude du trafic de drogue à Anvers

L’idée de commencer cette étude fait suite à un constat. Alors qu’il est en train de rédiger la conclusion de sa thèse sur la guerre de la drogue au Mexique, une grenade explosa dans sa rue (à Deurne). C’était une illustration de la guerre que se livrait les trafiquants de drogue locaux. Cet évènement l’a amené à s’intéresser de plus près à ce qu’il se passait à Anvers et aux Pays-Bas.

Après quelques observations préliminaires, Teun Voeten proposa à la ville d’Anvers d’investiguer le sujet en tant qu’anthropologiste. Elle accepta.

Les techniques de recherche utilisées

L’ambition de Teun Voeten est alors de comprendre une chose essentielle : « Pourquoi les dealers de drogue vendent-ils de la drogue ? »

Les commentaires de Teun Voeten sont particulièrement intéressants puisqu’ils s’appliquent à de nombreux cas de recherche, et notamment aux études de marché, dans la définition des objectifs et des points clés d’une étude (via l’étude documentaire) et la validation de ces points durant l’étude qualitative.

On peut faire deux choses : on peut lire la littérature, ou on peut aller demander cela aux dealers eux-mêmes.

Pour ce faire, Teun Voeten est allé interviewer des prisonniers. Tout d’abord, il a fallu créer un lien, en leur parlant de ses précédentes recherches, au Mexique par exemple. Puis, il a proposé à des volontaires de s’exprimer sur le sujet de la drogue et du deal de drogue à Anvers.

Une chose est claire : « Ce n’est pas à [lui] de juger les prisonniers, […] mais simplement de présenter leur point de vue. C’est ce que font les anthropologistes. » La plupart des interviews sont donc restées anonymes et les prisonniers ayant participé à ces discussions se sont vu remettre un livre photo de la guerre de la drogue au Mexique, sur un modèle similaire aux incentives utilisées pour remercier les participants d’une étude pour leur temps. Tout le détail se trouve dans un précédent billet au sujet des coûts liés à une étude marché.

Les profils interviewés (env. 200 personnes)

  • Prisonniers (drug dealers)
  • Consommateurs de drogues (de l’usage récréatif aux addicts)
  • Officiers de police (de la police fédérale aux agents de quartier)
  • Professeurs
  • Juges et avocats
  • Scientifiques
  • Journalistes
  • Les habitants du quartier en question

Chapitre 3 : différences et ressemblances des profils


Fort de ses différentes études auprès des dealers, des membres des gangs et des mafias, Teun Voeten est à même de trouver les points communs entre les différents profils qu’il a rencontrés. Il a en particulier voulu comprendre le parcours de vie qui les a poussé à se lancer dans le trafic de cocaïne. Les points d’entrée sont multiples : une connaissance trafique et demande de l’aide, les dealers sont perçus positivement (voiture, argent, etc), le besoin d’arrondir les fins de mois se fait sentir, l’envie de faire beaucoup d’argent en peu de temps prend le dessus. Pour la plupart, tout commence de manière assez innocente. C’est la rapidité à laquelle ils peuvent se faire de l’argent qui les attire et les retient. Toutefois, précise Teun Voeten, l’exclusion sociale n’est pas nécessairement un facteur causal contrairement à l’excitation procurée par cet « argent rapide » (« fast money »).

Le chercheur décrit le trafic de drogue comme un monstre ayant pris racine sur terre. Le Mexique est certes corrompu, certaines régions sont inaccessibles et le pays connaît de grandes inégalités. Quant à la Belgique et aux Pays-Bas, il y a moins de corruption, moins de pauvreté. Et pourtant, le même mal y a pris racine.

Pour moi, le statut social c’est écrire un bon livre, aller à un bon concert […] mais pour beaucoup d’entre eux, c’est des chaussures qui coûtent 2 000 euros la paire


démarrage de la startup

Chapitre 4 : la réaction de la ville d’Anvers

Cette recherche anthropologique a permis, d’après Teun Voeten, d’avoir un aperçu inédit sur la situation liée au trafic de drogue à Anvers et offrira à la municipalité la possibilité de définir des points d’action. La situation d’Anvers n’est d’ailleurs pas la plus mauvaise puisque certaines zones de la Belgique (Bruxelles) et des Pays-Bas (Amsterdam, Rotterdam) se trouvant dans des zones et des situations bien plus complexes

A Anvers, ils ont un [assez] bon mélange entre prévention. Ils aident les drogués, […] mais il y a aussi un aspect répressif et il faut ces éléments répressifs, préventifs et créatifs

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Images d’illustration : shutterstock



Publié dans Recherche.

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